L’émerveillement de la porte d’Ishtar
Expériences

J’ai découvert Babylone à Berlin.
La petite porte d’Ishtar, reconstituée, dressée,
prête à nous laisser entrer.

Ghislain (34) et Amélie (31)

 

J’aime les musées qui offrent une atmosphère, des sensations bref une âme au delà de l’addition de collections. La tendance est aux musées expérientiels comme EPIC sur les migrations irlandaises à Dublin, ou encore, dans un style différent, l’Atelier des Lumières à Paris. Je ne suis pas près de renier ces moments exceptionnels mais des musées classiques peuvent nous offrir des moments particuliers. Personnellement, j’éprouve une fascination particulière pour l’antiquité et particulièrement pour l’orient ancien voire très ancien. Un morceau de pierre au Louvre attire toujours mon attention : le code d’Hammurabi de Babylone. Je le vois souvent depuis mon adolescence quand je vais au musée et j’ai apprécié l’amélioration de sa mise en scène avec quelques extraits traduits et mis en évidence sur un mur : illustrations d’un monde incarnant l’oeil pour oeil. La collection tout autour nous donne un aperçu de la vie quotidienne, de l’écriture et évidemment du fort caractère ornemental des vieilles civilisations du croissant fertile… Mais comment le ressentir mieux qu’à Berlin, devant la petite porte d’Ishtar ?

 

Quand la puissance d’une ville s’impose à vous

 

Carte wikipédia

Babylone était une ville incomparable de l’orient ancien au point qu’elle devait sembler devoir rayonner à jamais malgré quelques soumissions dans son histoire aux assyriens ou aux perses. Un rayonnement qui nourrit encore notre imaginaire aujourd’hui, au point qu’elle soit l’unique ville conquise bénéficiant d’une longue séquence dans le film Alexandre d’Oliver Stone (2004) comme si elle incarnait à elle seule toute la richesse de l’orient alors même que Persépolis était la capitale de l’empire à conquérir.

 

Babylone, son immense population au milieu de l’aridité, ses jardins suspendus au milieu du désert, son bleu puissant au milieu de l’ocre de sable. Environ 1200 ans après le règne d’Hammurabi (pour prendre conscience des centaines d’années écoulées, imaginez la résurgence de royaumes vikings de nos jours), Babylone ouvre un nouveau chapitre de sa puissance en participant à l’effondrement de l’empire assyrien. Son grand roi Nabuchodonosor II, mieux connu pour sa déportation des juifs à Babylone et pour ses jardins suspendus, établit alors son pouvoir sur tout le croissant fertile jusqu’au proche orient. Cette puissance doit se voir, se ressentir et émerveiller dès que l’on entre à Babylone. La double muraille joue ce rôle.

 

Le bleu azur m’hypnotise

 

La nouvelle muraille de Nabuchodonosor II parcourt 15 kilomètres, est composée d’une succession de trois murs et parsemée de 120 tours et 8 portes. A l’exception de la porte du roi, elles portent toutes le nom d’une divinité. Evidemment celui du dieu protecteur Marduk mais évidemment également Ishtar, déesse de l’amour et de la guerre, divinité souveraine dont l’appui est nécessaire pour régner sur le royaume.

 

Les ruines ont été fouillées par Robert Koldewey, archéologue allemand, avant la première guerre mondiale. Les différents objets et particulièrement les briques de la porte sont envoyés en Allemagne et vont permettre la reconstitution de la petite porte monumentale de la porte d’Ishtar pour devenir la plus merveilleuse pièce du musée de Pergame, sur l’île aux musées… Subjectivité personnelle bien sûr car l’autel de Pergame ainsi que la façade du marché de Milet sont splendides… mais n’exercent pas sur moi la même fascination.

 

Devant la porte, si haute (9,5 m) et si large (28 m) et surtout si bleue, je suis resté figé de bonheur. Je venais honnêtement pour les vestiges grecs qui s’effacent soudainement de mon esprit. Subjugué, je profite du moment et du monument. Les frissons parcourent mon corps, comme pour signifier la jouissance de cette imposante vue. Ce gigantisme est si fidèle à l’esprit de l’orient ancien. Tout est fait pour nous écraser devant les dieux et la puissance de la ville, nous réduire à notre si petite humanité et en même temps, ce puissant bleu azur m’hypnotise complètement… Je prolonge le moment le plus longtemps possible, m’imprègne d’une ambiance que je m’invente, me projette devant la cité antique, avant d’avancer doucement comme pour solenniser le franchissement de la porte… et découvrir la ville (sauf que dans ce sens, c’est comme si j’en sortais).

Je prends ensuite le temps de revenir sur mes pas pour mieux découvrir les détails, les sculptures, les représentations divines…

 

Un gigantisme nous renvoyant à notre petite condition humaine

 

 

La porte d’Ishtar à Berlin, n’est que la petite porte du mur intérieur, une maquette est là pour nous le rappeler. Nous ne pouvons alors que nous projeter à nouveau et imaginer un gigantisme encore supérieur… et sur la Voie Processionnelle, l’axe principal de la ville.

 

C’est probablement cet axe que parcourt Alexandre le Grand quand il pénètre dans la ville dont il va faire sa capitale. Ce moment est magnifié dans le film d’Oliver Stone. Nous y sommes face à une interprétation bien sûr, mais l’expression de cette magnificence est là pour impressionner et adoucir le farouche vainqueur, roi d’une Macédoine à la capitale bien plus petite.

 

Des frissons qui me donnent parfois envie de créer une gigantesque reconstitution…

 


 

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